Dans les années 70-80, les femmes tiennent les cafés et organisent des lewoz ; elles sont chanteuses, danseuses… mais l’approche traditionnelle du ka ne leur laisse pas la place des tambouyés.
I konnèt tout ! I konnèt tout ! Ou ka vwé ? Tout ! Tout ! Tout ! Tout ! – mé mwen apwézan, an pa to ko two o kouwan, ou ka vwé ka a ka di’w ? – Pis i ni dé tanbou an kaz a’y. Alo i ka di mwen : « Mi konsa ou graj ka kongné » – évé bout a dwèt a’y i ka kongné mé an ka konpwan !
Carnot, Alors ma chère, moi…
C’est auprès d’une femme, véritable « rossignol », que Carnot précise sa maîtrise du ka : il le souligne avec humilité, rendant hommage à la maîtrise musicale de celle qui a accompagné quelques années de sa vie, traversant les lewoz à ses côtés.
E léwoz se menm biten i té ka montré mwen. I té ka envité mwen pou mwen té kongné’y : lewoz-la, tout, ou ka vwé ka an ka di’w ? Ki graj, ki woulé… E sé té on chantè osi. Dansé osi en ! I pa dansé tout dansé mé tin dansé i té konnèt. Eben mon chè mé pou chan ? Sé té on wosignol ! Wé ! I té konnèt tout chan ! Tout chan ! Tout chan ! Tout chan ! Tout chan ! Tout chan !
Carnot, Alors ma chère, moi…
Une autre femme, occupe une place importante dans la vie de Carnot : la célèbre Man Soso, qui tient un café et dont les talents de chanteuse et de danseuse sont unanimement célébrés. Il vit quelques années en ménage avec elle, et participe à la formation musicale de son fils, Guy Konkèt, lui aussi resté dans les mémoires du ka guadeloupéen.
Traductions de Marie-Céline Lafontaine extraites de Alors ma chère, moi...,(Editions Caribéennes, 1986) :
- « Elle savait tout ! Tu vois ? Tout, tout, tout, tout !… – mais moi je ne m’y connaissais pas encore très bien, tu vois ce que je veux dire ? – puisqu’elle avait ses deux tambours chez elle… Alors elle me dit : « Voici comment on bat le graj, oui ! » – elle bat avec le bout des doigts, mais je comprends ! »
- « Et le léwoz elle me l’apprenait de la même façon. Elle m’invitait à battre et lewoz et tout. Et graj, et roulé… Et elle chantait aussi ! Elle dansait aussi ! Pas toutes les danses, mais les danses qu’elle connaissait. Mais ma chère, en ce qui concerne le chant !… Eh bien, c’était un rossignol ! Ouais ! Elle connaissait tous les chants ! Tous les chants ! Tous les chants ! Tous les chants ! Tous les chants !… »